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L'ascension de Marylise Léon à la tête de la CFDT interroge. Son parcours sans heurts, propulsé par des soutiens internes, et ses références controversées pourraient préfigurer une ligne syndicale qui inquiète.

L’ascension fulgurante de Marylise Léon à la tête de la CFDT, la première organisation de salariés en France, interroge. Issue d’un milieu familial étranger au syndicalisme, son parcours atypique, relaté dans son ouvrage « S’engager », révèle une trajectoire sans heurts, propulsée par des soutiens internes plutôt que par une réelle confrontation. Son accession au poste suprême en juin 2023, après avoir été numéro deux dès 2018, sous l’égide de Laurent Berger, son « ami » et « vrai binôme », soulève des questions sur la méritocratie au sein même de l’organisation.

Ce récit d’une ascension facilitée contraste avec l’image d’un syndicalisme combatif. Marylise Léon, désormais membre du « club des secrétaires généraux », cite parmi ses références des figures controversées comme Nicole Notat, dont le soutien au plan Juppé sur la Sécurité sociale en 1995 avait profondément divisé. Ce choix de références, loin d’être anodin, pourrait préfigurer une ligne syndicale plus complaisante, à rebours des attentes de nombreux travailleurs.

Affichant une déception marquée envers le monde politique, Marylise Léon se déclare féministe, « fervente européenne » et engagée pour l’écologie. Pourtant, son analyse du « danger » de l’extrême droite et sa vision jugée « identique » à celle de Sophie Binet de la CGT, décrite en termes élogieux, sonnent comme une tentative de rassurer, masquant potentiellement des divergences d’approches fondamentales. Cette unanimité affichée, dans un contexte de rivalité syndicale historique, apparaît pour le moins suspecte et pourrait masquer une faiblesse face aux défis sociaux et économiques actuels. Les travailleurs peuvent-ils vraiment compter sur une direction syndicale qui semble plus préoccupée par les apparences que par les luttes concrètes ?