Mayotte-social-crisis
La rentrée vire au cauchemar : étudiants sans affectation, maternité sous tension et prisons en crise. L'île révèle ses fragilités structurelles et l'exaspération monte.

La rentrée sur l’île est devenue un véritable champ de bataille social. Parents d’élèves, étudiants, surveillants pénitentiaires et sages-femmes, tous expriment une exaspération grandissante, révélant les fragilités structurelles profondes d’un département à l’agonie.

Deux semaines après le début des cours, l’université est un désastre : des dizaines d’étudiants se retrouvent sans affectation. L’établissement, incapable d’accueillir dignement ses élèves, maintient des salles fermées, une bibliothèque inaccessible et des inscriptions toujours bloquées par des guichets défaillants. Une situation aggravée par le cyclone Chido, dont les dégâts persistent, faute de travaux achevés.

Le drame ne s’arrête pas là. À la plus grande maternité de France, le centre hospitalier de Mamoudzou, la situation est insoutenable. Avec seulement 36 sages-femmes pour 75 postes nécessaires, le service est sous pression : chambres saturées, patientes dans les couloirs, accouchements sur des brancards. « C’est du travail à la chaîne, sans possibilité d’écoute. On se sent impuissantes », confie une praticienne. La pénurie de personnel est un cercle vicieux : des équipes réduites, des départs accélérés, et une attractivité territoriale quasi nulle. Une maternité gérant 10 000 naissances par an avec la moitié des effectifs requis, un scandale à peine masqué.

Non loin de là, la maison d’arrêt de Majicavo est au bord de l’explosion. Des surveillants pénitentiaires, épuisés et agressés, dénoncent des conditions de travail inhumaines. Avec seulement 80 agents pour plus de 600 détenus, la surpopulation carcérale atteint des sommets, transformant les cellules en véritables dortoirs surpeuplés. Les promesses de renforts et de nouvelles infrastructures restent lettre morte, un signe flagrant du désintérêt des autorités pour un département laissé pour compte. Ces crises successives ne sont pas de simples incidents, mais le symptôme d’un échec systémique qui pèse lourd sur le département le plus pauvre de France.