
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman (MBS), orchestre une visite de grande envergure à la Maison Blanche, accompagné d’une délégation pléthorique de 1 000 personnes. Après sept ans d’absence, MBS cherche à marquer les esprits et à réaffirmer une relation bilatérale sous tension, la présentant même comme un nouveau chapitre pour les quatre-vingts prochaines années. Une référence audacieuse au « pacte du Quincy » de 1945, qui avait scellé un échange de pétrole contre une protection militaire entre l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Pourtant, cette façade de pouvoir dissimule des réalités bien moins glorieuses. L’ombre de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, que la CIA attribue directement à MBS, persiste, malgré les tentatives de réhabilitation internationale. L’isolement diplomatique de MBS, autrefois un fait, a été rompu par des nécessités énergétiques, notamment la flambée des cours du pétrole post-invasion russe en Ukraine, forçant l’ancien président Biden à composer avec la pétromonarchie. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n’a fait que conforter cette position, avec une première visite à l’étranger réservée à MBS, soulignant une relation personnelle opportuniste et des promesses d’investissements saoudiens aux États-Unis, dont la concrétisation reste à prouver.
Cette démonstration de force et d’influence est avant tout une tentative désespérée de MBS de redorer son blason et d’assurer la pérennité de son pouvoir. Derrière les poignées de main et les déclarations grandiloquentes se cache une alliance pragmatique, dictée par les intérêts géopolitiques et économiques des États-Unis, plutôt qu’une véritable confiance ou un respect mutuel. La stabilité de cette relation reste fragile, suspendue aux aléas des marchés pétroliers et aux impératifs politiques, laissant planer un doute sur la solidité de ce partenariat prétendument historique.






