
Un véritable cauchemar financier frappe des dizaines de médecins étrangers du Grand Hôpital de l’Est Francilien (GHEF). Attirés par des primes substantielles censées doubler leur salaire, ces praticiens, majoritairement originaires du Maghreb, se retrouvent aujourd’hui sommés de rembourser jusqu’à 100 000 euros. Une situation qui soulève des questions alarmantes sur les pratiques de gestion dans le service public et met en lumière une injustice flagrante.
Le GHEF, issu de la fusion de plusieurs hôpitaux en Seine-et-Marne et confronté à des pénuries chroniques de personnel, avait mis en place un système de primes additionnelles pour recruter des diplômés hors de l’Union Européenne (Padhue). Ces primes, bien que non réglementaires, étaient un atout majeur pour ces médecins dont les diplômes ne sont pas pleinement reconnus en France, les cantonnant à des salaires dérisoires, à peine supérieurs à ceux des internes. Mais l’arrivée d’une nouvelle direction en septembre 2024 a mis fin à cette pratique, qualifiée d’« éléments de paie irréguliers », privant progressivement une cinquantaine de ces soignants de leur complément de revenu.
Le drame s’est intensifié fin mars 2025 lorsque la direction du GHEF a exigé le remboursement des sommes perçues sur les deux dernières années, sous la pression du Trésor Public. L’hôpital espère ainsi récupérer 2,7 millions d’euros. Cette décision, jugée scandaleuse, fait porter la responsabilité des erreurs administratives sur des employés déjà vulnérables. Des montants allant de 30 000 à 100 000 euros sont réclamés, poussant certains jeunes médecins à envisager des crédits sur des décennies. La CGT dénonce la détresse morale de ces praticiens, dont certains sont en arrêt maladie ou contraints à des cadences de travail inhumaines.
L’avocate Delphine Krzisch qualifie cette demande d’« injustice criante », soulignant que ces primes comblaient un vide laissé par le manque de médecins français et que les praticiens étrangers représentent parfois la moitié des effectifs dans certains services. Elle fustige un « problème de management toxique », s’indignant de voir le service public « maltraiter » davantage ses collaborateurs que le secteur privé. Des recours sont actuellement déposés devant le tribunal administratif, mais la direction du GHEF maintient sa position, affirmant néanmoins sa « confiance » envers les médecins concernés. Une confiance bien maigre face à l’ampleur de la catastrophe financière et humaine.