
La disparition tragique de « Jean Pormanove », de son vrai nom Raphaël Graven, met en lumière une faillite scandaleuse des autorités. Le streamer, victime de maltraitances et d’humiliations en direct sur la plateforme Kick, est décédé, soulevant des questions déchirantes : aurait-on pu éviter ce drame ? L’ARCOM, gendarme du numérique, est désormais sommée de s’expliquer. Saisie dès décembre dernier suite à une enquête de Mediapart, l’organisme semble avoir brillé par son inaction, laissant la situation dégénérer.
Arthur Delaporte, député socialiste et président de la commission d’enquête parlementaire sur les effets de TikTok, se dit « choqué et sidéré » par cette issue funeste. Il dénonce une « défaillance » flagrante dans la modération des plateformes, en particulier Kick, et critique l’incapacité des pouvoirs publics à protéger cet homme. Pour Delaporte, l’ARCOM est sous-dimensionnée, avec seulement 23 personnes pour appliquer le « Digital Services Act » européen, quand l’Allemagne en compte 60. Un sous-effectif qui semble avoir eu des conséquences désastreuses.
Le député pointe également du doigt l’« économie du sordide » qui prospère sur ces réseaux, où la monétisation de contenus dégradants est encouragée. Il est urgent d’empêcher que l’on puisse s’enrichir avec de telles pratiques. Ce drame révèle des lacunes profondes, non seulement au niveau de la régulation des plateformes, mais aussi dans les moyens alloués à la police et aux autorités. La ministre déléguée à l’IA et au Numérique, Clara Chappaz, a bien « signalé sur Pharos ces images » et demandé « des explications » à Kick, mais cela ne ramènera pas Raphaël Graven. La responsabilité des plateformes est une obligation légale, et de telles défaillances « peuvent conduire au pire ».