
La France, autrefois un modèle de santé publique, plonge dans une crise alarmante. Depuis 2012, la mortalité infantile grimpe de manière inquiétante, contrastant avec la plupart des nations développées. Le pays, qui occupait la 3e place européenne il y a vingt ans, a chuté à la 23e, accusant environ 1200 décès supplémentaires chaque année, principalement chez les nouveau-nés prématurés. Cette déroute a interpellé diverses institutions, de la Cour des comptes à la Haute Autorité de Santé, qui soulignent un système de soins sous tension, marqué par la surcharge de travail et le manque de personnel qualifié dans les maternités.
Une étude accablante publiée dans BMJ Medicine ce 16 septembre révèle l’ampleur du désastre : les facteurs socio-économiques sont directement liés à cette hausse dramatique de la mortalité néonatale. Les bébés nés dans les 40 % des foyers les plus défavorisés sont confrontés à un risque de décès significativement accru. Ces zones, caractérisées par un chômage élevé, une forte proportion d’immigrés, de locataires et de familles monoparentales, sont le reflet d’une France à deux vitesses, où la précarité coûte des vies.
Le lien entre la santé maternelle et celle du nourrisson est indéniable. Les mères issues des milieux défavorisés affichent des taux d’obésité et de tabagisme bien plus importants. De plus, la diminution des interruptions médicales de grossesse pour pathologies fœtales graves contribue, de manière cynique, à l’augmentation de cette mortalité. Pendant ce temps, pour les 60 % de familles aisées, le taux de mortalité néonatale reste désespérément stable, démontrant une inégalité flagrante et inacceptable.
Entre 2015 et 2020, 2500 décès auraient pu être évités si les nourrissons défavorisés avaient bénéficié des mêmes chances que les plus aisés. Un chiffre effrayant qui met en lumière l’échec des politiques publiques. Les recherches à venir peinent à obtenir les données nécessaires pour analyser les causes précises et évaluer l’accès aux soins de qualité. La réalité est brutale : dans plus de 90 % des cas, le décès survient à l’hôpital, des établissements souvent en sous-effectif de personnel soignant.