
La France retient son souffle à l’approche du 10 septembre, date à laquelle le mouvement « Bloquons tout » promet une paralysie sans précédent du pays. Malgré la probable chute du gouvernement de François Bayrou, attendue le 8 septembre suite à un vote de confiance au Parlement, les organisateurs de cette mobilisation citoyenne refusent de reculer. L’historienne Marion Fontaine souligne le caractère atypique de ce mouvement, qui s’inscrit dans une lignée de contestations nées sur les réseaux sociaux, à l’image des « indignés », de Nuit debout ou des « gilets jaunes ».
L’ombre de l’échec plane sur cette initiative, d’autant plus après la déroute des grandes mobilisations syndicales de 2024 contre la réforme des retraites, qui n’ont pas réussi à infléchir le gouvernement. Cette réforme, imposée malgré une opposition massive, a laissé un goût amer et nourri la frustration populaire. Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de La France insoumise, n’a pas hésité à brandir la menace d’une grève générale, galvanisant les mécontents et cherchant à catalyser cette colère diffuse.
Le gouvernement, par la voix de Bruno Retailleau, minimise l’ampleur attendue, mais les craintes d’actions spectaculaires persistent. Des blocages routiers sont annoncés, notamment en Île-de-France, et des préavis de grève touchent divers secteurs, de l’hospitalier aux transports en commun, laissant présager un véritable chaos. La genèse de ce mouvement, à l’origine nébuleuse et même flirtant avec l’extrême droite, avant d’être récupéré par la gauche radicale, interroge sur la capacité des forces politiques à encadrer et à orienter ces explosions de colère populaire.