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L'État expose publiquement les géants de l'agroalimentaire, accusés de ne pas lutter contre l'inflation. Une stratégie de « name and shame » qui suscite la colère et soulève des questions sur son efficacité et ses conséquences. Cette méthode controversée divise.

L’État intensifie sa stratégie de « name and shame », une tactique anglo-saxonne controversée qui consiste à dénoncer publiquement les entreprises aux comportements jugés condamnables. Cette approche, censée corriger les dérives, se heurte désormais à la fureur des géants de l’agroalimentaire, qui la perçoivent comme une attaque directe et une entache sur leur réputation.

En août dernier, la décision de Bruno Le Maire de cibler des mastodontes tels qu’Unilever, Nestlé et PepsiCo a provoqué une véritable onde de choc. Le ministre de l’Économie n’a pas hésité à les accuser de ne pas contribuer suffisamment à la lutte contre l’inflation, déclarant sans détour : « Il y a des groupes industriels qui ne jouent pas bien le jeu. » Une affirmation lourde de conséquences pour ces multinationales.

Ce coup de semonce médiatique a laissé des traces profondes. Les entreprises concernées, encore sous le choc de cette dénonciation publique, digèrent difficilement ce « name and shame » qui, loin d’encourager la coopération, semble plutôt alimenter un climat de défiance. Les reproches portent sur des délais de paiement excessivement longs et des informations potentiellement trompeuses, mais aussi, de manière plus insidieuse, sur des inégalités salariales persistantes entre les sexes.

L’efficacité de cette méthode punitive est désormais remise en question. Si l’objectif est de forcer les entreprises à se conformer aux normes éthiques et réglementaires, le risque est de les pousser à adopter une posture défensive, voire à nuire à leur collaboration avec les autorités. Le « name and shame », loin d’être la panacée, pourrait bien se révéler une arme à double tranchant, minant la confiance et créant des divisions là où une véritable coopération serait essentielle pour relever les défis économiques actuels.