
Le prix Nobel de chimie 2025 a été attribué à Susumu Kitagawa, Richard Robson et Omar M. Yaghi pour leurs travaux sur les structures métallo-organiques (MOF). Ces nouvelles formes moléculaires, vantées pour leur capacité à capturer le CO2 ou extraire l’eau du désert, suscitent pourtant une certaine désillusion. Alors que la planète s’enfonce dans une crise environnementale sans précédent, cette avancée, bien que présentée comme révolutionnaire, pourrait bien n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan de nos problèmes. Les promesses grandiloquentes des comités Nobel masquent souvent des applications concrètes limitées, ou trop lentes à se matérialiser face à l’urgence climatique.
Les MOF sont censées offrir des « possibilités jusqu’alors insoupçonnées » pour créer des matériaux sur mesure. Elles pourraient, en théorie, séparer le dioxyde de carbone de l’air ou les molécules toxiques des eaux usées. Cependant, la réalité est souvent plus complexe : le passage du laboratoire à l’industrialisation est semé d’embûches et les coûts associés à ces technologies restent souvent prohibitifs. Combien de temps faudra-t-il avant que ces innovations soient réellement déployées à une échelle significative pour inverser la tendance actuelle ? La lenteur des progrès face à l’ampleur des défis laisse un goût amer.
L’histoire de ces découvertes remonte à 1989 avec Richard Robson, dont les premières structures étaient instables. Il a fallu attendre Kitagawa et Yaghi pour une « base solide », mais même alors, les applications concrètes restent marginales. L’exemple de l’extraction d’eau de l’air désertique de l’Arizona, bien que cité, ne résout en rien la pénurie d’eau mondiale et les désertifications massives. Ces solutions, bien que techniquement impressionnantes, semblent souvent s’attaquer aux symptômes plutôt qu’aux causes profondes des déséquilibres écologiques. La science avance, mais le monde recule, et le décalage est effrayant.
Le chèque de 11 millions de couronnes (920 000 euros) accompagnant ce prix soulève également des interrogations. Est-ce que cet argent est vraiment dirigé vers les solutions les plus urgentes, ou s’agit-il d’une reconnaissance honorifique qui ne suffit pas à changer la donne ? Alors que les « polluants éternels » (PFAS) continuent d’empoisonner nos eaux, ces avancées, si prometteuses soient-elles, peinent à convaincre qu’une véritable révolution est en marche. Le sentiment d’impuissance face aux catastrophes annoncées persiste, malgré les paillettes du Nobel.






