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Un nouveau « tatouage » temporaire promet de détecter le GHB, mais les experts alertent sur le faux sentiment de sécurité. Ce dispositif n'a aucune valeur médico-légale et ne cible qu'une infime partie des substances utilisées pour les agressions.

Un nouveau dispositif, un « tatouage » temporaire, prétend détecter le GHB, la tristement célèbre « drogue du violeur », mais son efficacité est largement illusoire face à l’ampleur du problème. Développé par des chercheurs coréens, cet autocollant change de couleur au contact de la substance. Pourtant, cette innovation ne doit en aucun cas inspirer un faux sentiment de sécurité.

Le gadget, un fin film plastique recouvert de gel d’agarose, est censé réagir instantanément, même à de faibles concentrations de GHB. Il suffirait d’y déposer une goutte de boisson suspecte pour obtenir un résultat visible jusqu’à 30 jours. Si cela semble pratique, Leila Chaouachi, pharmacologue et fondatrice du CRAFS, est formelle : un tel dispositif n’a « absolument aucune valeur médico-légale ». Seuls des tests sanguins ou urinaires peuvent prouver une agression chimique. Le « tatouage » détecte le GHB dans des concentrations de 0,01 à 0,1 mg/mL dans diverses boissons.

Ce détecteur ne s’attaque qu’à une infime partie du problème. Le GHB n’est qu’une des centaines de substances utilisées pour la soumission chimique. L’enquête du centre d’addictovigilance de Paris en 2022 a révélé que les médicaments sédatifs sont bien plus souvent incriminés (56,7 % des cas) que les drogues (43,3 %), la MDMA étant en tête de ces dernières. Les chercheurs envisagent d’étendre la détection à d’autres substances, mais l’idée d’un dispositif universel est irréaliste.

Leila Chaouachi met en garde contre les fausses idées véhiculées par ces détecteurs : le risque est de se croire protégé et de négliger la vigilance. Les agresseurs sont souvent des proches, et non des inconnus, rendant la détection personnelle encore plus complexe. La vigilance doit être collective : apprendre à reconnaître les signes, savoir comment réagir et orienter les victimes. En 2022, seuls 1 229 cas d’agressions facilitées par les substances ont été recensés en France, mais on estime que seulement 10 % des victimes de violences sexuelles portent plainte. Ce « tatouage », bien que fonctionnel et peu coûteux, ne couvre qu’une partie infime d’un problème aux racines bien plus profondes et insidieuses.