
Le Parlement a tristement donné son aval au report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, une manœuvre qui semble ouvrir la voie à une réforme institutionnelle aux conséquences potentiellement désastreuses. Cette décision, arrachée de justesse à l’Assemblée et confirmée au Sénat, intervient dans un climat de tensions extrêmes, après les violences meurtrières du printemps 2024. L’urgence d’une promulgation est telle qu’elle expose la fragilité de la situation, repoussant à juin 2026 un scrutin crucial initialement prévu en novembre.
La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, tente de présenter ce report comme une opportunité de « donner du temps » au dialogue. Pourtant, derrière ce prétexte, se cache la sombre réalité de l’accord de Bougival, un texte qui menace l’avenir institutionnel de l’archipel. L’accord prévoit l’établissement d’un « État de la Nouvelle-Calédonie » et, surtout, le très controversé « dégel » du corps électoral, un point de discorde majeur qui a déjà enflammé la colère des indépendantistes.
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), après avoir initialement paraphé l’accord, l’a catégoriquement rejeté, percevant ce report comme une provocation. Le sénateur indépendantiste Robert Xowie a fustigé cette approche, affirmant que « Reporter n’apaise pas. Reporter prolonge l’incertitude », une sentence qui résonne comme un avertissement funeste. Mathilde Panot (LFI) a, quant à elle, dénoncé une tentative gouvernementale d’« imposer » cet accord, brisant la confiance de la population.
La peur d’un « passage en force » gouvernemental est palpable, menaçant de replonger l’archipel dans un cycle de violences meurtrières, comme celles qui ont coûté la vie à 14 personnes. Les cafouillages du gouvernement, inscrivant puis retirant hâtivement le projet de loi constitutionnelle de l’agenda parlementaire, n’ont fait qu’aggraver la méfiance. Tandis que Mme Moutchou implore « l’apaisement », les discussions s’annoncent houleuses, notamment avec l’absence du FLNKS, dont le soutien est pourtant jugé indispensable. La fracture politique est profonde, et l’avenir de la Nouvelle-Calédonie semble plus incertain que jamais.






