
Une vive polémique secoue le secteur pharmaceutique français, ciblant le géant danois Novo Nordisk, producteur du controversé médicament anti-obésité Wegovy. Des professionnels de la santé dénoncent une campagne de sensibilisation jugée trompeuse et illégale, car elle ferait la promotion déguisée de médicaments soumis à prescription. La législation française interdit formellement la publicité grand public pour de tels produits, ne l’autorisant qu’aux professionnels de santé.
Depuis plusieurs semaines, des affiches aux slogans aguicheurs inondent le métro parisien et les réseaux sociaux, mettant en scène des individus souriants affirmant : « J’ai décidé d’agir pour moi et pour ma santé ». Cette campagne, orchestrée par Novo Nordisk, renvoie les internautes vers le site Audelàdupoids.fr, invitant à calculer son IMC et à consulter un médecin via des plateformes comme Doctolib. Bien que le laboratoire insiste sur l’indépendance de ces plateformes, l’une d’entre elles, Monpoidsmasanté.fr, est directement sa propriété.
Cette stratégie, perçue comme un contournement des règles strictes encadrant la promotion des médicaments sur ordonnance, soulève des questions éthiques majeures. Novo Nordisk, déjà sous le feu des critiques pour des pratiques similaires au Royaume-Uni où il a été sanctionné pour publicité trompeuse et tentatives d’incitation à la prescription, semble reproduire un schéma douteux. Le Wegovy, non remboursé par la sécurité sociale française et coûtant entre 270 et 330 euros par mois, est déjà un sujet de débat en France, notamment en raison des incertitudes sur ses effets à long terme et les risques de mésusage à des fins esthétiques.
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) est pourtant claire : toute publicité, même indirecte, pour des médicaments soumis à prescription doit être préalablement approuvée et ne pas être trompeuse. Alors que le marché des médicaments contre l’obésité explose, avec des ventes mondiales estimées à 131 milliards de dollars d’ici 2028, les laboratoires semblent prêts à flirter avec les limites pour capter une part de ce gâteau juteux, au risque de compromettre la santé publique et l’intégrité de la profession médicale.