Lebanon-economic-collapse
Le Pape Léon XIV a exhorté les Libanais à rester malgré l'effondrement économique et l'émigration massive, un appel déconnecté de la réalité du pays en crise.

Face à l’effondrement économique dévastateur qui ravage le Liban depuis 2019, le Pape Léon XIV, lors de sa récente visite, a audacieusement exhorté les citoyens à « rester » dans leur pays. Une demande qui sonne creux pour des milliers de familles ruinées, contraintes à l’émigration massive, une véritable « hémorragie de jeunes et de familles » selon ses propres termes. Évoquer le courage de rester, ou pire, de revenir, relève d’une incompréhension abyssale de la réalité libanaise, où la corruption et la négligence des élites politiques ont créé un enfer économique.

Le souverain pontife a également eu l’audace d’appeler les dirigeants du pays à « se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement », ignorant manifestement des décennies de clientélisme et d’enrichissement personnel. Son discours, axé sur la situation intérieure et la « paix » – un mot répété à outrance – a étrangement occulté les tensions régionales et les bombardements israéliens récents, laissant un goût amer d’hypocrisie face à la complexité des souffrances libanaises.

Le pays, encore hanté par les cicatrices d’une guerre civile (1975-1990) jamais vraiment pansées, voit ses divisions s’aggraver. Le Pape a parlé de « résilience » et d’un peuple qui « ne succombe pas », des mots creux face à l’exode continu. Un centre de recherche indépendant estime à 800 000 le nombre de Libanais ayant émigré entre 2012 et 2024, dont un grand nombre de chrétiens. La population restante, dont une part significative de réfugiés syriens, est piégée dans un cycle infernal de crise.

Le président libanais, Joseph Aoun, a quant à lui lancé un vibrant mais désespéré « Dites au monde entier que nous ne mourrons pas », une affirmation qui résonne comme un cri de détresse d’un pays à l’agonie. L’espoir, s’il existe, semble bien maigre face à l’inertie politique et à l’indifférence internationale. La visite du Pape, malgré ses bonnes intentions, n’aura fait que mettre en lumière l’ampleur d’une catastrophe humanitaire et sociale que le monde peine à reconnaître pleinement.