
Le marché locatif parisien, déjà sous haute tension, atteint des niveaux de pénurie alarmants, transformant la recherche d’un logement en véritable calvaire. Les agences immobilières, comme Century 21 dans le 16e arrondissement, sont contraintes de retirer leurs annonces des plateformes classiques, submergées par une demande démesurée. David Emsalem, directeur de l’agence, témoigne d’un téléphone qui « sonne 20 fois par heure » pour des studios ou des deux-pièces qui disparaissent instantanément, forçant l’agence à privilégier les clients déjà enregistrés. Cette situation ubuesque révèle la profondeur du désastre.
La demande de logements à louer explose, tandis que l’offre s’évapore, notamment pour les appartements familiaux. La capitale fait face à une véritable pénurie de ces biens, avec un « très peu de turnover », explique Emsalem. Seuls les locataires contraints par des événements majeurs, comme une séparation ou une mutation, libèrent des logements. Le portefeuille de 400 biens gérés par son agence a vu les demandes de congé chuter de moitié par rapport à l’an dernier, preuve d’un marché verrouillé où personne ne souhaite céder sa place. Cette crise s’aggrave, les loyers augmentant de 7,7 % par rapport à 2023, forçant les locataires à débourser en moyenne 1 585 euros par mois pour 43 m² .
Plusieurs facteurs alimentent ce chaos : la hausse des taux d’intérêt qui bloque l’accès à la propriété, poussant davantage de ménages vers la location . L’encadrement des loyers et les nouvelles régulations sur les logements énergivores découragent les propriétaires, les incitant parfois à retirer leurs biens du marché ou à les transformer en locations saisonnières . Paris comptait déjà 290 000 logements inoccupés en 2024, un chiffre révoltant qui risque de s’envoler avec les interdictions de louer les « passoires thermiques » dès 2025 . La capitale est confrontée à un effondrement inquiétant de son offre locative, une spirale infernale qui ne semble pas prête de s’arrêter .