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Peter Arnett, le légendaire correspondant de guerre, est décédé à 91 ans, laissant un héritage journalistique riche mais entaché par de nombreuses controverses et polémiques.

La disparition de Peter Arnett à 91 ans marque la fin d’une ère pour le journalisme de guerre, mais son héritage reste terni par de multiples controverses. Le lauréat du prix Pulitzer, reconnu pour sa couverture incisive du Vietnam et de la guerre du Golfe, laisse derrière lui une carrière exemplaire entachée par des scandales retentissants. Ce n’est pas seulement un géant de l’information qui s’éteint, mais aussi le témoin d’une époque où la ligne entre reportage et provocation était souvent floue.

Arnett, correspondant pour l’Associated Press, a marqué les esprits par ses reportages audacieux, notamment lors de la chute de Saïgon en 1975. Ses récits, qui lui ont valu le Pulitzer en 1966, étaient souvent les seuls à parvenir du cœur des conflits, offrant une perspective brute et sans concession. Pourtant, c’est cette même audace qui l’a mené à des situations délicates, comme son interview d’Oussama ben Laden en 1997, un entretien qui, rétrospectivement, suscite un malaise certain.

La renommée mondiale acquise lors de la première guerre du Golfe avec CNN, où il relatait les événements depuis Bagdad sous les bombardements, a rapidement cédé la place à des déconvenues. En 1999, son licenciement de CNN suite à un reportage controversé sur l’utilisation présumée de gaz neurotoxique par les forces américaines au Laos a soulevé de sérieuses questions sur la véracité de certaines de ses informations. L’information, vigoureusement démentie par les autorités militaires, a forcé CNN à une rétractation humiliante.

Le coup de grâce est survenu en 2003, lors de la seconde guerre du Golfe. Son interview avec la télévision d’État irakienne, où il critiquait ouvertement la stratégie américaine, a été perçue comme un acte de trahison par de nombreux Américains. Accusé d’apporter « aide et réconfort à l’ennemi », il fut rapidement congédié par NBC, son employeur de l’époque. Ces épisodes amers ont jeté une ombre persistante sur une carrière par ailleurs brillante, soulignant les dangers et les pièges du journalisme en temps de guerre.