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La vente aux enchères de David Feldman en Suisse promet des records, mais la folie des prix pour les timbres rares cache une bulle spéculative dangereuse. Des milliers aux millions, la démesure est palpable.

La vente aux enchères de David Feldman, du 5 au 9 décembre en Suisse, s’annonce comme un véritable gouffre financier pour les amateurs de timbres rares. Avec pas moins de 783 lots mis en dispersion, les estimations atteignent des sommets, mais l’histoire nous a montré que ces investissements passionnels peuvent vite tourner au fiasco. Les « classiques » ouvrent le bal avec des prix exorbitants, comme un bloc de quatre du 10 centimes bistre « Cérès » à 10 000 euros, ou un 15 centimes vert à 20 000 euros. Des sommes astronomiques pour de simples morceaux de papier.

Le clou du spectacle reste un 20 centimes noir « Cérès » sur lettre, estimé à 40 000 euros, éclipsé par un autre 20 centimes noir, « pièce majeure de la première émission », qui pourrait atteindre 100 000 euros. Une véritable aberration quand on considère la fragilité de ces objets et les risques de dépréciation. L’affranchissement mixte 20 centimes noir et 20 centimes bleu frôle les 70 000 euros, tandis qu’un 1 franc vermillon sur lettre est proposé à 30 000 euros. Ces chiffres donnent le vertige et interrogent sur la raison de tels excès.

La vente ne s’arrête pas là, avec des paires de timbres atteignant des dizaines de milliers d’euros, comme une paire neuve du 10 centimes bistre « Présidence » à 80 000 euros, ou une paire oblitérée du 10 centimes bistre Napoléon non dentelé à 60 000 euros. L’engouement pour ces « pièces uniques » confine à la démesure. Même les pliés de ballons montés, vestiges d’une époque révolue, sont valorisés à des sommes indécentes, jusqu’à 50 000 euros pour une « collection d’exposition ». Des cartes postales signées et des timbres de propagande de la Seconde Guerre mondiale viennent compléter ce tableau d’une philatelie en roue libre, où les prix semblent déconnectés de toute réalité. L’histoire se répète, les bulles spéculatives finissent toujours par éclater, et il y a fort à parier que de nombreux acheteurs de cette vente le regretteront amèrement.