
L’ancien secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, tente une réécriture de son parcours syndical dans son livre Mon tour de Gaule. Loin de toute introspection, l’ouvrage évite soigneusement les sujets qui fâchent, notamment les conditions troubles de son élection et le camouflet retentissant de son départ. Il préfère s’ériger en simple « porte-parole », rejetant l’idée d’être un « patron » pour mieux esquiver ses responsabilités.
Sous sa direction, la CGT a pourtant connu un déclin historique, perdant sa position de premier syndicat au profit de la CFDT, un fait que Martinez passe allègrement sous silence. L’ouvrage met en lumière une centrale syndicale affaiblie, présente dans moins de la moitié des entreprises, mais Martinez ne propose que des solutions évasives, comme un « vote national » pour élire les syndicats représentatifs.
Si l’auteur se dépeint avec un amour inconditionnel pour une France « référence en matière de progrès social », son mandat fut marqué par une confrontation stérile avec le pouvoir. Malgré des relations personnelles cordiales avec certains homologues, sa stratégie a souvent été perçue comme un entre-deux, naviguant entre aile radicale et réformisme affiché, sans jamais réellement inverser la tendance.
Ses échanges avec Emmanuel Macron, bien que présentés avec humour, révèlent une incapacité à infléchir la politique gouvernementale. Martinez, tout en combattant la politique du « prince du court terme », semble avoir laissé derrière lui une CGT fragilisée, dont les échecs résonnent encore. Un bilan bien terne pour celui qui se voulait le garant du progrès social.






