
Jean Pisani-Ferry, économiste respecté, dresse un constat alarmant : malgré des décennies passées à promouvoir une économie ouverte et l’intégration européenne, la situation actuelle de la France et de l’Europe est celle d’une régression. Loin de toute célébration, Pisani-Ferry s’interroge sur les responsabilités collectives face à un pays en déclin. Une remise de décoration se transforme en une rare tribune pour dénoncer les échecs cinglants de politiques autrefois vantées.
Celui qui fut un fervent défenseur de la mondialisation admet aujourd’hui ses conséquences désastreuses. L’optimisme initial de la « bande du Cepii », voyant l’ouverture comme un moteur de croissance et de réduction de la pauvreté, s’est heurté à une réalité brutale. L’article de 2013 sur le « choc chinois » a brutalement mis en lumière la destruction d’emplois et la dévastation de régions entières aux États-Unis, des conséquences politiques qui se manifestent encore aujourd’hui.
Pisani-Ferry souligne sans détour notre incapacité à anticiper l’ampleur des chocs induits par cette mondialisation « mal accompagnée ». Les promesses d’un monde interconnecté et prospère se sont transformées en un scénario de déroute sociale et politique. Les dirigeants ont failli à protéger les populations des revers économiques, alimentant un ressentiment grandissant et une montée des forces nativistes. La mondialisation que nous avons connue touche à sa fin, minée par l’échec de sa gouvernance.
Alors que les reculs écologiques se multiplient en Europe, l’économiste insiste sur l’urgence de reconsidérer nos actions. L’engagement social-démocrate, auquel il se dit fidèle, semble impuissant face à l’ampleur des régressions. Une crise de confiance profonde s’installe, où même les architectes du système reconnaissent leurs erreurs. La question n’est plus de savoir comment avancer, mais comment réparer les dégâts colossaux déjà causés.