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Le système de paiement instantané Pix, encensé pour sa gratuité et sa rapidité, révèle son côté obscur. Fraudes massives, cyberattaques dévastatrices et vulnérabilités béantes transforment cette innovation en un cauchemar pour les utilisateurs brésiliens, révélant les dangers d'une adoption trop rapide.

La mythique plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, voit le soleil décliner tandis qu’Eduardo Resende Gonçalves, vendeur de thé glacé, dresse un bilan accablant : 80 % de ses ventes quotidiennes sont réglées via Pix. Ce système de paiement instantané et gratuit, propulsé par la Banque Centrale Brésilienne en novembre 2020, est devenu omniprésent, éclipsant cartes bancaires et argent liquide. En avril 2025 seulement, Pix a brassé plus de 410 milliards d’euros, une somme vertigineuse.

Ce succès fulgurant masque pourtant une réalité bien plus sombre. La simplicité et la disponibilité 24h/24 et 7j/7 de Pix en ont fait un terrain de jeu idéal pour les criminels. Fraudes et escroqueries numériques ont explosé, avec plus de 2,17 millions de cas signalés en 2024, soit près de quatre par minute. Ce chiffre représente une augmentation alarmante de 7,8 % en un an. Le crime organisé a rapidement compris le potentiel de Pix, transformant les arnaques numériques en une activité plus lucrative que le trafic de drogue.

Les escrocs exploitent la méconnaissance des utilisateurs, notamment les personnes âgées ou celles nouvellement intégrées au système bancaire. Ils utilisent des appels frauduleux, des sites web clonés, et même la technologie deepfake pour dérober des sommes considérables, souvent supérieures au revenu mensuel de leurs victimes. Les pertes totales pour l’année 2024 ont dépassé les 54 milliards de dollars, et un maigre 9 % de l’argent volé est récupéré, selon la Banque Centrale.

En juillet 2025, le système a été le théâtre du plus grand vol bancaire numérique de l’histoire du Brésil, avec une somme estimée entre 140 et 180 millions de dollars dérobée via une faille chez un fournisseur de logiciels. L’attaque, un « coup monté » interne, a prouvé que même les systèmes les mieux sécurisés peuvent être compromis.

Alors que Pix est présenté comme un modèle par de nombreux pays, y compris les États-Unis, cette croissance effrénée s’accompagne de risques massifs. Les responsables brésiliens cherchent à renforcer la sécurité, mais la rapidité et la gratuité du système, bien que louables pour l’inclusion financière, sont aussi ses plus grandes vulnérabilités. L’enquête américaine sur Pix, motivée par des accusations de concurrence déloyale envers les entreprises de paiement américaines, souligne également les enjeux géopolitiques et la fragilité d’un système public face aux intérêts privés.