
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a semé le doute dimanche en annonçant, via l’agence de presse Firat, le retrait de toutes ses forces de Turquie vers le nord de l’Irak. Une manœuvre qui se veut un pas vers la paix, mais qui ressemble étrangement à une retraite stratégique après des décennies de conflit sanglantes. Ankara, opportuniste, a salué cette annonce, y voyant des « résultats concrets » à un processus de paix toujours incertain. Les 25 combattants, hommes et femmes, déjà déplacés, incarnent une portion infime des forces en jeu, soulevant la question de la réelle portée de ce retrait.
Devrim Palu, figure du mouvement kurde, a jeté un froid glacial sur les espoirs de réconciliation. La libération d’Abdullah Öcalan, chef historique et toujours emprisonné du PKK, est une condition « cruciale » pour le succès du processus. Sans elle, cette paix n’est qu’un mirage. Le PKK, qualifié de terroriste par Ankara, a déjà annoncé sa dissolution en mai, répondant à un appel d’Öcalan après plus de quarante ans de combats dévastateurs. Est-ce un signe de faiblesse ou une ruse pour mieux se reformer ?
Le PKK prétend désormais vouloir défendre les droits des Kurdes par la voie démocratique, une volte-face difficile à croire après un tel passif. Le mouvement exige de la Turquie des mesures juridiques pour l’intégration de ses militants dans la vie politique, une exigence qui semble utopique compte tenu des tensions persistantes. Öcalan, détenu depuis 1999, avait initié ce processus depuis sa prison, son « appel à la paix » en février sonnant comme une tentative désespérée de racheter un passé sanglant.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 50 000 morts, dont 2 000 soldats, et des milliards de dollars perdus pour l’économie turque, selon le président Recep Tayyip Erdogan. Malgré une commission parlementaire turque et des rencontres d’Öcalan avec ses avocats, ce processus de paix reste une poudrière. La Turquie, face à ce retrait du PKK, est loin d’être tirée d’affaire. Le spectre de la violence plane toujours, et l’on peut se demander si ce retrait n’est pas qu’une simple pause avant la prochaine tempête.







