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La quête désespérée d'un emploi stable pousse la jeunesse dans un labyrinthe de stages et services civiques, des illusions qui masquent une sombre réalité.

La quête désespérée d’un emploi stable pousse la jeunesse à s’engager dans un labyrinthe de stages, de volontariat et de services civiques, des dispositifs qui, loin d’être des tremplins, se révèlent être des illusions. Face à une explosion du nombre de diplômés et un allongement incessant de l’insertion professionnelle, les jeunes sont contraints à une course effrénée pour tenter de se distinguer. Cette compétition acharnée, souvent vaine, masque une réalité bien plus sombre : l’instrumentalisation de leur espoir.

Dans son ouvrage percutant, Promesse d’embauche. Comment l’Etat met l’espoir des jeunes au travail, la sociologue Florence Ihaddadene dénonce une véritable politique de la dérogation. L’État, sous couvert d’aider les jeunes, accumule les dispositifs qui contournent allègrement le droit du travail. Stages non rémunérés, emplois aidés précaires, services civiques à la légalité douteuse : autant de miroirs aux alouettes qui créent une illusion d’activité sans offrir de réelle perspective d’avenir. Ce système pervers maintient les jeunes dans une précarité institutionnalisée, les éloignant chaque jour un peu plus d’une véritable intégration professionnelle.

Ce que Mme Ihaddadene met en lumière, c’est l’absence flagrante d’une politique jeunesse digne de ce nom. Au lieu de bâtir un avenir solide, le gouvernement préfère une stratégie de la mise en attente. Les jeunes sont piégés dans une prolongation artificielle de leur période de formation ou de recherche d’emploi, justifiée par des promesses creuses. Cette politique de « l’espoir » n’est qu’un écran de fumée pour masquer l’incapacité des pouvoirs publics à offrir des emplois décents et durables. La jeunesse française est ainsi sacrifiée, contrainte de mendier des expériences dévalorisantes au lieu de construire une carrière stable.