
Alors que l’attention médiatique se focalise sur la pollution extérieure, une menace bien plus insidieuse pèse sur notre santé, tapis dans l’intimité de nos foyers : la pollution de l’air intérieur. Contrairement à l’air que nous respirons dehors, dont la surveillance est constante, les niveaux de particules et de gaz toxiques à l’intérieur de nos habitations sont scandaleusement négligés. Pourtant, nous passons la majeure partie de notre vie, environ quatorze heures par jour, enfermés dans ces espaces clos.
Ces environnements que nous croyons protecteurs sont en réalité des cocons empoisonnés, saturés de polluants chimiques. Ils proviennent de sources omniprésentes : matériaux de construction, produits d’entretien, meubles, sans oublier les fumées de cuisson et de cigarette. Ces substances, invisibles, pénètrent profondément dans nos voies respiratoires, atteignant parfois même notre sang, et sont une source d’irritations, d’allergies, d’asthme, de troubles cardiovasculaires et même de cancers.
L’Observatoire de la Qualité des Environnements Intérieurs (OQEI), successeur de l’OQAI , a bien tenté de lever le voile sur cette réalité alarmante. Après quinze ans, une seconde campagne de prélèvements a été lancée en novembre 2020 pour analyser l’évolution de la qualité de l’air dans les logements français, révélant la présence de plus de 150 polluants. Si l’OQEI se félicite d’une tendance à l’amélioration, c’est un constat bien trop timide face à l’ampleur du problème. Le rapport souligne, avec une prudence déconcertante, la nécessité de « renforcer les efforts » contre les polluants cancérogènes, un aveu implicite que la menace persiste, et que nos mesures actuelles sont loin d’être suffisantes.
Le coût de cette inaction est astronomique : en France, la mauvaise qualité de l’air intérieur est estimée à 19 milliards d’euros par an. Il est temps de cesser de sous-estimer ce danger omniprésent qui érode silencieusement notre santé.






