
La pollution plastique, loin d’être une simple préoccupation environnementale, est désormais reconnue comme un danger grave et croissant pour la santé humaine et planétaire. À la veille de l’ouverture des négociations cruciales à Genève pour un traité mondial, la communauté scientifique tire la sonnette d’alar’me, insistant sur un péril largement sous-estimé et qui doit être placé au centre des débats urgents.
Une trentaine de chercheurs de renom ont publié un rapport accablant dans la revue The Lancet, compilant les données les plus récentes sur les multiples impacts sanitaires dévastateurs des plastiques. Sur le modèle du suivi climatique, ils lancent le « Lancet Countdown on Health and Plastics », une initiative mondiale destinée à documenter à long terme les effets des plastiques sur la santé et à évaluer les maigres progrès pour les atténuer.
Ce rapport révèle que la production de plastique a explosé, multipliée par plus de 200 depuis 1950, et pourrait bien tripler d’ici 2060 si aucune mesure drastique n’est prise. Pire encore, cette prolifération plastique coûte au monde au moins 1 500 milliards de dollars par an en dommages sanitaires, un fardeau économique colossal et souvent ignoré.
Les plastiques, fabriqués à plus de 98 % à partir de combustibles fossiles, libèrent des milliers de produits chimiques, dont des perturbateurs endocriniens reconnus comme les phtalates et les bisphénols. Chaque étape de leur cycle de vie, de l’extraction à l’élimination, est une source de contamination, exposant l’humanité à une myriade de substances toxiques et de microplastiques. Les populations les plus vulnérables, en particulier les enfants, sont touchées de manière disproportionnée par ces effets dévastateurs, avec des liens établis entre l’exposition aux plastiques et des risques accrus de malformations congénitales, de cancers infantiles et de problèmes de fertilité.
Alors que les négociations à Genève sont vues comme la « dernière chance » pour un traité mondial juridiquement contraignant, l’opposition farouche des pays producteurs de pétrole et de gaz risque de faire échouer cet effort crucial. Moins de 10% du plastique produit est recyclé, et la planète est submergée par 8 milliards de tonnes de déchets plastiques, contaminant même les régions les plus reculées. Le constat est clair : la « crise du plastique » est une urgence sanitaire mondiale qui ne fera qu’empirer sans une action internationale ambitieuse et contraignante.