
Les pourparlers à Genève pour un traité mondial contre la pollution plastique s’enlisent dangereusement, révélant des divisions profondes et un manque flagrant de progrès. À mi-parcours, cette session cruciale, censée déboucher sur un accord juridiquement contraignant, est confrontée à un nombre alarmant de points de désaccord. Malgré les efforts affichés, la situation est préoccupante : les questions en suspens se multiplient, et l’objectif d’une réduction drastique de la production de plastique semble s’éloigner.
Le constat est cinglant : le texte des négociations a grossi, passant de 22 à 35 pages, mais le nombre de «parenthèses» – ces sujets sans consensus – a explosé, atteignant près de 1 500 contre seulement 371 auparavant. Cette prolifération des désaccords est un signe clair de l’impasse. Les pays pétroliers, parmi lesquels la Russie, l’Iran, et la Malaisie, continuent de s’opposer fermement à toute contrainte de réduction de production. Une position d’autant plus alarmante que l’OCDE prévoit un triplement de cette production d’ici 2060 si rien n’est fait.
Les États-Unis, quant à eux, contestent l’étendue du traité, refusant qu’il couvre l’ensemble du cycle de vie du plastique. Une coalition de pays «exigeants», incluant l’Union européenne, réclame au contraire des objectifs de réduction ambitieux, seule voie, selon eux, pour enrayer la pollution en amont. Le processus est d’une lenteur exaspérante, et le délégué des îles Fidji a même brandi le spectre de l’échec. L’optimisme affiché par certains responsables de l’ONU sonne creux face à l’ampleur des blocages et la persistance des microplastiques dans nos organismes, véritable épée de Damoclès pour la santé humaine et l’environnement.
Malgré quelques tentatives d’accélérer les discussions, le risque de voir ce traité vital se transformer en simple accord de gestion des déchets, vidé de sa substance, est réel. Les organisations environnementales s’inquiètent d’une volonté de certains pays de censurer les discussions sur les éléments clés, tels que l’élimination des produits chimiques les plus dangereux et la réduction des volumes de plastique. L’interruption de la déléguée chinoise, premier producteur mondial de plastique, par le président des négociations, est un symbole criant de ce dialogue de sourds qui menace l’avenir de la planète.