
La légère embellie sur les taux d’intérêt immobiliers semble déjà un lointain souvenir. Après une brève accalmie, les emprunteurs voient leurs espoirs s’envoler. Les taux sur vingt ans, qui avaient connu une décrue artificielle, se stabilisent désormais à 3,20 % en septembre, selon les chiffres alarmants de Cafpi. Ce n’est pas une stabilisation vers le bas, mais bien la fin d’une période illusoire de baisse généralisée qui masquait les réalités du marché. Les banques, toujours plus gourmandes, prêtaient à 4,30 % en décembre 2023, un sommet qui témoigne de la pression constante exercée sur les ménages.
Le coût d’un crédit de 200 000 euros sur vingt ans, qui avait temporairement diminué, reste une charge écrasante. Si l’on a pu entrevoir une « économie » de 114 euros sur la mensualité, passant de 1 243 euros à 1 129 euros, cette éclaircie est précaire. Caroline Arnould, directrice générale de Cafpi, le confirme sans détour : « La moitié des banques commencent à remonter légèrement leur barème, de l’ordre de 0,05 à 0,15 point de pourcentage en septembre ». Une hausse qui, même minime, marque un tournant et annule les faibles gains récents. Les négociations, présentées comme une bouée de sauvetage, ne sont souvent qu’un leurre pour des dossiers déjà solides.
Seuls les « meilleurs dossiers » peuvent encore espérer des conditions acceptables. Caroline Pasquereau d’Empruntis révèle que ces rares privilégiés empruntent à 2,90 % sur vingt ans. Il s’agit d’emprunteurs avec un apport conséquent (15 % à 20 %) et une situation professionnelle jugée stable, c’est-à-dire ceux qui représentent le moins de risque pour des banques avides de profit. Les primo-accédants, jeunes et moins « équipés » en produits bancaires, sont certes une cible de choix, mais la réalité est que les offres « bonifiées » sur une fraction minime du prêt ne sont que des miettes face à l’ampleur de l’endettement. La promesse d’un taux de 2,99 % pour les moins de 36 ans sur l’ensemble du prêt, offerte par une banque mutualiste, masque à peine la dégradation générale du marché. L’illusion d’une aide se heurte à la dure réalité des chiffres, laissant de nombreux ménages face à un marché immobilier toujours plus hostile et inaccessible.







