
Malgré les chiffres alarmants – plus de 600 000 accidents du travail par an et des centaines de décès, un bilan qui stagne depuis des années –, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a enfin dévoilé sa « stratégie » pour lutter contre les accidents graves et mortels. Annoncé dans Le Monde et présenté aux partenaires sociaux le 11 juillet, ce plan vise une application à partir de 2026. Une lenteur critiquable face à l’urgence de la situation. En 2023, on déplorait 759 décès liés aux accidents du travail, sans compter les accidents de trajet mortels qui ont également augmenté.
Depuis son arrivée rue de Grenelle, Astrid Panosyan-Bouvet, perçue comme la « caution sociale » du gouvernement, n’avait pas encore présenté de mesures concrètes. Son premier déplacement, discret, sur un chantier où un ouvrier avait perdu la vie, semblait une reconnaissance tardive de l’ampleur du problème. Le plan, inspiré des mesures de sécurité des JO de Paris 2024, se décline en plusieurs axes : renforcer la responsabilisation des employeurs, améliorer la prévention pour les travailleurs les plus à risque (jeunes, intérimaires, BTP), et octroyer plus de pouvoirs aux inspecteurs du travail.
Toutefois, ce plan tant attendu n’est pas sans lacunes flagrantes. Malgré une augmentation des décès en 2023 (+21 morts par rapport à 2022), aucune nouvelle sanction n’est prévue en cas de non-respect des engagements. Le déploiement d’un « passeport de prévention » en 2025-2026 est certes une avancée, mais sa mise en œuvre progressive soulève des questions sur l’efficacité immédiate des mesures. Alors que le nombre d’accidents graves et mortels demeure obstinément élevé, le gouvernement mise sur des actions dont les effets concrets sont encore loin d’être garantis, laissant planer un doute sur sa capacité à réellement endiguer ce fléau national.