Le constat est accablant : les entreprises françaises persistent dans leur négligence face à la prévention des accidents du travail graves et mortels (ATGM). Malgré un 4e plan santé au travail (2021-2025) censé faire de cette lutte une priorité, le bilan est un échec retentissant : le nombre de décès au travail stagne autour de 750 victimes chaque année, un chiffre qui devrait indigner bien au-delà des organisations patronales.
Ce tableau déjà sombre s’assombrit encore avec le lourd tribut payé par les jeunes travailleurs. Trente-deux salariés de moins de 25 ans ont trouvé la mort, victimes d’une véritable épidémie que personne ne semble vouloir endiguer. Les facteurs sont pourtant connus : mauvais accueil, absence de formation à la sécurité, et affectation à des postes intrinsèquement dangereux. Une irresponsabilité manifeste qui coûte des vies.
Le rapport de l’inspection du travail de 2024 est sans appel : seule la moitié des employeurs contrôlés (50,6 %) a daigné mettre en œuvre des mesures de prévention concrètes. Pire encore, près d’un tiers des entreprises (29,6 %) n’a même pas réévalué les risques après un accident, et un quart (25,7 %) l’a fait de manière totalement insuffisante. L’obligation de mise à jour du document unique d’évaluation des risques professionnels est, elle aussi, largement ignorée, même par ceux qui ont tenté d’analyser les causes des drames.
Ces chiffres révèlent une défaillance systémique. Les entreprises ne tirent quasiment jamais les leçons des accidents, favorisant ainsi leur répétition. Face à cette inertie criminelle, il est impératif de se demander si les autorités sont réellement à la hauteur de la tâche pour faire appliquer des règles de sécurité trop souvent bafouées.
