
Le procès du cimentier Lafarge, accusé de «financement du terrorisme», une première pour une multinationale, a de nouveau pris un tournant inattendu après un faux départ. Les débats, qui devaient enfin aborder le cœur du scandale – le versement de millions d’euros à des groupes terroristes en Syrie entre 2012 et 2014 – ont été relégués à plus tard. Cette nouvelle entrave procédurale prolonge l’attente des victimes et assombrit la quête de justice, laissant planer l’ombre d’une affaire qui semble vouloir éviter la lumière.
La présidente de la 16e chambre correctionnelle de Paris, Isabelle Prévost-Desprez, a choisi une approche déconcertante pour ce dossier explosif. Plutôt que d’attaquer directement les faits de financement du terrorisme, elle a opté pour des «cercles concentriques». Après une plongée fastidieuse dans l’histoire de Lafarge et la fabrication du ciment, les débats se sont concentrés sur des aspects techniques, comme l’articulation entre la maison mère Lafarge SA et sa filiale syrienne, Lafarge Cement Syria (LCS). Cette stratégie soulève des questions sur la volonté réelle d’affronter les accusations les plus graves, celles qui concernent le soutien indirect à des organisations sanguinaires.
Le report continu des éléments cruciaux du dossier ne fait qu’alimenter les soupçons. L’impression persistante est que les rouages de la justice peinent à s’attaquer de front à la complexité et la gravité des accusations. Tandis que les victimes attendent des réponses, le procès s’enlise dans des considérations périphériques, risquant de diluer l’impact des révélations et de frustrer les espoirs de vérité. Le scandale Lafarge, déjà entaché par de multiples rebondissements, semble ainsi glisser vers une issue incertaine, loin de l’éclat attendu pour une affaire de cette ampleur.






