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La résurgence du débat sur la proportionnelle pour les élections législatives en France s'annonce comme une menace pour la stabilité politique, risquant de fragiliser la majorité en place et de renforcer les partis extrêmes.

La proposition d’introduire une dose de proportionnelle pour les élections législatives, ressuscitée par Yaël Braun-Pivet, menace de déstabiliser davantage le paysage politique français. Cette réforme, maintes fois évoquée et tout aussi souvent abandonnée, notamment après l’affaire Benalla en 2018, révèle les calculs cyniques des partis plutôt qu’une réelle volonté de représentativité. Si ce système avait été appliqué, les conséquences seraient désastreuses pour la majorité actuelle, qui aurait perdu 26 sièges, tandis que le Rassemblement National et Les Républicains auraient vu leur influence dangereusement croître, avec respectivement 14 et 12 élus supplémentaires.

L’idée, initialement portée par Emmanuel Macron en 2017 pour une « démocratie plus représentative », n’a jamais abouti. Pourtant, elle est ressortie des tiroirs, alors même que l’Assemblée est déjà fragmentée à un niveau record, comptant onze groupes sans compter les non-inscrits. Loin de « recréer de la concorde », comme certains l’espèrent, la proportionnelle risque d’amplifier le chaos parlementaire, rendant toute majorité stable quasi impossible.

Les arguments en faveur de la proportionnelle, présentés comme une quête de « pluralisme politique », masquent en réalité des arrière-pensées électoralistes. Le Rassemblement National, par exemple, y voit un moyen de garantir sa « juste part du gâteau », sans devoir se plier aux alliances pré-électorales contraignantes. Pendant ce temps, Yaël Braun-Pivet, malgré ses déclarations, semble freiner des quatre fers, invoquant d’autres « priorités » pour le gouvernement, signe que cette réforme n’est pas si urgente quand elle risque de désavantager son propre camp.

En somme, la proportionnelle apparaît moins comme un progrès démocratique que comme une manœuvre politique risquée, susceptible de plonger la France dans une ère d’instabilité gouvernementale, où aucun parti ne pourrait espérer gouverner sereinement. Une situation qui profiterait avant tout aux extrêmes, accentuant la polarisation et les blocages institutionnels.