
Dans une tentative désespérée de masquer les échecs, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a enfin daigné s’adresser aux agents de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pour exposer son plan pour protéger les jeunes de la violence. Une lettre qui sonne comme un aveu de la gravité de la situation, où notre jeunesse est broyée entre le statut de victime et celui de bourreau.
Le ministre a cyniquement mis l’accent sur la nécessité de « sauver les jeunes de la délinquance et de la criminalité », alors même que ces fléaux gangrènent déjà la société. Il n’est un secret pour personne que la jeunesse est la première victime de cette spirale infernale. Darmanin évoque des « jeunes parfois égarés », une litote pour décrire une réalité bien plus sombre : celle de la violence qu’ils subissent et qu’ils infligent. Ce constat alarmant fait écho au rapport terrifiant de l’Unicef, qui a révélé comment les réseaux criminels exploitent nos enfants, profitant de leur vulnérabilité et de l’impunité quasi totale dont ils jouissent.
La France est confrontée à des « graves défaillances » dans le suivi des 400 000 enfants sous la protection de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Des décisions de justice qui arrivent trop tard, un manque criant de places en foyers, et des jeunes livrés à eux-mêmes, finissant souvent à la rue ou pire, dans les griffes des réseaux de prostitution. L’enquête du Figaro sur l’exploitation sexuelle des mineures placées en foyer n’est qu’un aperçu glaçant de l’ampleur du désastre et des dysfonctionnements abyssaux de notre système.
Le narcotrafic, gangrène de notre société, ne fait qu’aggraver la situation. Près de 10 000 mineurs sont impliqués dans ce commerce sordide, avec des « petites mains » parfois âgées d’à peine 10 ans. Face à cette réalité accablante, les quelques mesures proposées par Darmanin – l’ouverture de 18 nouvelles structures d’ici 2027 et l’embauche de 70 agents – semblent dérisoires. D’autant plus que la récente proposition de loi de Gabriel Attal, visant à durcir la justice des mineurs, a déjà soulevé l’indignation des professionnels de la PJJ. Le « statut de l’enfant victime » et l’« ordonnance de sûreté de l’enfant » ne sont que des tentatives de colmater les brèches d’un système qui s’effondre, déjà ébranlé par des affaires retentissantes comme celle de Notre-Dame-de-Bétharram.