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Le Rassemblement National est visé par plusieurs enquêtes pour des soupçons de financement illégal de campagnes. Des prêts personnels massifs sont sous le microscope de la justice, soulevant des questions sur la conformité de ses pratiques financières. Le parti dénonce un «acharnement» alors que les preuves s'accumulent.

Le Rassemblement National (RN) est de nouveau sous le feu des projecteurs judiciaires, pris dans une tourmente financière qui remet en question la légalité de ses campagnes électorales. Des enquêtes distinctes, menées à Paris et Marseille, pointent du doigt un système de prêts personnels jugé «habituel» et potentiellement frauduleux, soulevant de graves interrogations sur les pratiques de financement du parti.

Les perquisitions récentes au siège parisien du RN et chez certains dirigeants révèlent l’ampleur des investigations. L’objectif : déterminer si les campagnes législatives, présidentielle de 2022 et européennes de 2024 ont été illégalement financées par des prêts de particuliers bénéficiant directement au parti ou à ses candidats. Cette affaire fait suite à une information judiciaire ouverte en juillet 2024 pour «escroquerie au préjudice d’une personne publique», un chef d’accusation qui pèse lourdement sur l’image du mouvement.

L’affaire ne s’arrête pas là. Une seconde enquête, menée à Marseille, se penche sur des prêts de 1,8 million d’euros pour les élections municipales de 2020 et régionales de 2021. Le milliardaire Pierre-Édouard Sterin a déjà été entendu, ajoutant une nouvelle couche de complexité à ce dossier explosif. Le RN, quant à lui, crie à l’«acharnement» et dénonce un «flou» juridique, tentant de minimiser la gravité des accusations.

La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) est particulièrement attentive. Elle vise 23 personnes physiques ayant prêté des sommes «sur au moins deux exercices différents et pour un montant supérieur à 100 000 euros». Si la loi autorise les prêts de particuliers, leur caractère «habituel» est strictement encadré, ouvrant la porte à des requalifications en dons déguisés et à de lourdes sanctions. Avec plus de 20 millions d’euros d’encours à rembourser fin 2023, majoritairement auprès de particuliers, le RN se retrouve dans une position précaire, son avenir financier et politique dépendant désormais des conclusions de ces enquêtes.