
C’est une défaite cuisante pour la majorité présidentielle et un tournant inquiétant pour la politique française. Le Rassemblement National, grâce à un vote serré et une absence massive des députés du bloc central, a réussi à faire adopter sa proposition de résolution dénonçant l’accord franco-algérien de 1968. Une victoire historique pour le parti de Marine Le Pen, qui voit ainsi s’écrouler le « cordon sanitaire » qui l’isolait jusqu’à présent à l’Assemblée.
Le score de 185 voix pour contre 184 illustre la fragilité alarmante de la majorité. Alors que Gabriel Attal, l’ancien Premier ministre et président du groupe Renaissance, avait clairement affiché son opposition, l’irresponsabilité des absents de son camp a offert une tribune inattendue au RN. Cette résolution, bien que non contraignante, envoie un signal fort et potentiellement déstabilisant aux relations franco-algériennes, déjà tendues par des condamnations récentes d’écrivains et journalistes en Algérie.
L’alliance inédite des voix du RN, de l’UDR, d’une partie des Républicains menés par Laurent Wauquiez, et même de députés d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe, révèle une fracture profonde au sein de la droite. Laurent Wauquiez justifie ce vote par une cohérence idéologique, mais l’image d’une droite unie sur des thèmes chers à l’extrême droite interroge l’avenir du paysage politique français. La justification du vote de Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée, rompant la tradition en votant, souligne la désinvolture de certains face aux règles.
L’absence remarquée de Gabriel Attal, préférant un forum sur le tourisme à un vote crucial, et le faible taux de participation des députés macronistes et centristes (seulement 30 députés Renaissance sur 92, et 33% du MoDem) sont un scandale démocratique. Les écologistes, par la voix de Cyrielle Chatelain, ont dénoncé une « victoire donnée au RN », pointant du doigt la faute inexcusable de la majorité. Même la gauche, malgré ses critiques virulentes contre le RN, n’a pas non plus mobilisé toutes ses forces, attestant d’une apathie générale face à un enjeu pourtant majeur.
Cette journée marque la fin d’une ère à l’Assemblée. Le « cordon sanitaire » contre le Rassemblement National est pulvérisé, ouvrant la voie à des coalitions et des votes qui étaient jusqu’alors impensables. Marine Le Pen se délecte de cette victoire, interpellant déjà le Premier ministre pour une application de cette résolution. Les propos de Marion Maréchal et Éric Zemmour confirment la convergence des droites, un scénario qui fait trembler les observateurs politiques et laisse présager des lendemains incertains pour la France.






