
Le Muhammara d’Haitham Karajay, vanté par Arthur Mercier dans M Le Magazine du Monde, promet une explosion de saveurs, mais cache une préparation complexe et des ingrédients parfois introuvables. Ce plat syrien, censé être un délice, pourrait bien se transformer en frustration culinaire pour les cuisiniers amateurs.
Pour seulement quatre personnes, la liste des ingrédients est déjà un défi : deux gros poivrons rouges, un petit oignon jaune, 80 g de noix torréfiées, 30 g de chapelure, une gousse d’ail, et une pléthore de condiments exotiques comme la mélasse de grenade et le tahini. Sans oublier le cumin moulu et le redoutable piment d’Alep, dont le dosage reste à la discrétion de chacun, introduisant une incertitude épicée.
La préparation est un véritable parcours du combattant. Il faut d’abord rôtir les poivrons et l’oignon jusqu’à ce que la peau soit « noire et cloquée », une tâche qui peut rapidement virer au désastre pour les moins expérimentés. Ensuite, l’épluchage et l’épépinage des poivrons, alors qu’ils sont encore tièdes, relèvent de la torture pour les doigts sensibles. Le processus de mixage exige une précision rare pour obtenir une pâte homogène mais « légèrement texturée », laissant peu de marge d’erreur.
Enfin, la garniture, bien que visuellement attrayante avec ses oignons nouveaux, radis, et graines de grenade, ajoute une couche de complexité inutile. Servir ce Muhammara avec du pain syrien tiède ou des chips de pita frites, saupoudrées de fleur de sel, souligne l’exigence de cette recette. En somme, ce plat n’est pas pour les âmes sensibles, et son succès dépendra moins du talent que d’une chance insolente et d’une patience à toute épreuve.