
Malgré les multiples condamnations et l’indignation générale, Rédoine Faïd, le tristement célèbre « roi de la belle », continue de purger sa peine dans des conditions de détention qui défient toute dignité. Placé à l’isolement depuis douze ans, entrecoupés de brèves escapades, le braqueur demande inlassablement la fin de ce régime d’exception, tandis que les tribunaux eux-mêmes peinent à faire valoir ses droits fondamentaux.
Son avocat a dépeint un individu au « comportement exemplaire », respectant scrupuleusement son suivi psychologique. Pourtant, confiné dans une cellule exiguë de sept à huit mètres carrés, privée de lumière naturelle depuis l’ajout d’une grille, Faïd endure des conditions que même le tribunal de Béthune a jugées « contraires à la dignité humaine ». Une situation alarmante qui, malgré une quinzaine de requêtes infructueuses, semble perpétuer un traitement dégradant.
L’administration pénitentiaire, de son côté, justifie ce maintien par les antécédents d’évasion spectaculaires de Faïd, survenues lors de parloirs en 2013 et 2018. Elle invoque son appartenance au « crime organisé » et sa capacité à mobiliser des « moyens financiers ». Mais cette justification à outrance masque-t-elle l’incapacité du système à gérer un détenu de longue date, sans verser dans l’inhumain ?
La France a déjà été épinglée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour des traitements similaires, un rappel cinglant à l’ordre que l’on semble ignorer. Alors que la date de fin de peine de Faïd est fixée à 2057, la question se pose : jusqu’où ira cette politique d’isolement, et à quel prix pour les droits de l’homme et l’image de la justice française ? La décision du tribunal administratif de Lille est attendue avec une inquiétante impatience.