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La réforme de l'audiovisuel public, adoptée en force au Sénat grâce au vote bloqué, suscite l'indignation et les craintes pour l'avenir de nos médias.

La réforme de l’audiovisuel public, censée moderniser le paysage médiatique français, a viré au fiasco démocratique. Vendredi 11 juillet, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a usé de l’article 44.3 de la Constitution, le fameux « vote bloqué », pour faire passer en force un texte lourd de conséquences. Cette manœuvre, dénoncée comme de l’« obstruction » par la gauche, a permis l’adoption du texte au Sénat par 194 voix contre 113, non sans un départ fracassant de l’opposition de l’hémicycle. Un déni de débat qui laisse présager une réforme bâclée.

Cette procédure brutale a eu pour effet de balayer des centaines d’amendements, transformant le vote en un simple « oui » ou « non ». Les débats, déjà chaotiques, ont été littéralement « escamotés ». La veille, les sénateurs n’avaient même pas dépassé le premier article en plus de huit heures de discussions, preuve d’un blocage profond et d’une incapacité à trouver un consensus. La gauche, accusée de jouer la montre, a dénoncé un « coup de force » qui bafoue les droits du Parlement. Un spectacle affligeant qui illustre la fracture politique.

La réforme prévoit, dès le 1er janvier 2026, la création d’une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l’INA. Un projet contesté par les syndicats et une partie de la classe politique, craignant une concentration du pouvoir et une atteinte à l’indépendance de l’audiovisuel public. Ce passage en force laisse un goût amer et soulève des interrogations sur la légitimité d’une réforme menée sans véritable débat. L’avenir de nos médias publics, pourtant si essentiels à la démocratie, semble plus incertain que jamais.