
La proposition de loi visant à réformer le mode de scrutin des élections municipales à Paris, Lyon et Marseille sème la discorde, menaçant de transformer le paysage politique de ces grandes métropoles en un véritable champ de bataille. François Bayrou, en poussant cette réforme, prétend vouloir aligner ces villes sur le « droit commun », mais les conséquences pourraient être désastreuses. L’objectif, soi-disant, serait de permettre aux habitants d’élire « directement » leur maire, un argument fallacieux puisque les électeurs continueront de désigner des conseillers municipaux qui, eux, éliront le maire. Le fond du problème demeure : cette nouvelle législation risque de fragiliser davantage une démocratie locale déjà mise à mal.
La loi PLM de 1982, initialement conçue pour organiser l’administration de Paris, Lyon et Marseille, a toujours été une source de controverses. Elle a créé un système où les voix des habitants pèsent inégalement selon les arrondissements, favorisant une prime majoritaire qui peut conduire à des résultats absurde où un maire est élu sans la majorité absolue des suffrages. Cette distorsion démocratique, loin d’être corrigée, risque d’être aggravée par une réforme dont les motivations réelles semblent davantage politiques que vertueuses. La convergence inattendue de certains partis sur ce texte soulève des interrogations sur les arrangements de coulisses et les véritables perdants de cette mascarade démocratique.
Le mode de scrutin par arrondissement, bien que complexe, permettait une représentation des forces en présence et une certaine proximité avec les élus locaux. La réforme proposée, en voulant centraliser le pouvoir, pourrait anéantir ce qui reste de démocratie de proximité. La méthode employée pour faire passer ce texte, jugée « précipitée et sans fondement » par de nombreux élus, soulève des doutes sur sa légitimité. Tandis que le pays affronte des défis économiques et sociaux majeurs, cette obsession à « tripatouiller » les règles électorales pour des gains politiques à court terme est une insulte aux citoyens.
Le Sénat a rejeté à plusieurs reprises cette proposition de loi, conscient des dangers qu’elle représente. Mais l’Assemblée nationale, en ayant le dernier mot, a ignoré ces avertissements, ouvrant la voie à une potentielle instabilité politique et une perte de repères pour les électeurs. Le Conseil Constitutionnel, saisi du dossier, devra trancher et décider si cette réforme chaotique est compatible avec les principes fondamentaux de notre République. Si elle est validée, Paris, Lyon et Marseille pourraient faire face à des élections encore plus confuses et contestées, où la volonté populaire serait une fois de plus déformée par des calculs politiciens. Un fiasco annoncé pour la démocratie locale.