French-wealthy-expatriation
La France est au bord d'une crise fiscale majeure. Les nouvelles taxes sur les holdings, le pacte Dutreil et la fortune improductive poussent les plus riches à envisager l'expatriation.

L’agitation est palpable chez les fiscalistes et notaires, leurs carnets de rendez-vous débordant. La cause ? L’incertitude et la colère suscitées par les nouvelles propositions fiscales du budget 2026. Entre la ponction sur les holdings patrimoniales, la refonte du pacte Dutreil pour la transmission d’entreprises familiales et l’impôt sur la fortune improductive, la France semble déterminée à secouer les fondations de son élite financière.

Pourtant, cette initiative censée apporter « plus de justice fiscale » selon la gauche, est perçue comme une véritable « folie » par la droite, qui y voit un frein majeur à la croissance économique. Face à ce climat tendu, les plus fortunés ne restent pas passifs : beaucoup envisagent des stratégies pour protéger leur patrimoine, y compris la très redoutée expatriation.

Benjamin Lafaye, avocat associé chez Cornet Vincent Segurel, tire la sonnette d’alarme : « Nous recevons beaucoup de sollicitations qui s’expliquent par la montée de l’inquiétude chez les dirigeants d’entreprise et chez les investisseurs pour qui les niveaux d’impôts évoqués deviennent insoutenables. Certains ont commencé à s’organiser pour quitter la France au cas où ces projets fiscaux verraient le jour. » Une menace sérieuse de fuite des capitaux plane, rappelant les épisodes sombres du passé qui ont déjà coûté cher au pays.

L’Assemblée nationale a récemment adopté un amendement réformant l’actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI) en un « impôt sur la fortune improductive ». Ce nouvel impôt ciblera désormais les biens « improductifs » tels que l’immobilier non loué, les objets précieux, les véhicules de luxe, les œuvres d’art, et même certains actifs numériques ou contrats d’assurance-vie non investis. Le taux unique de 1% remplacera le barème progressif de l’IFI, mais l’exclusion de la résidence principale jusqu’à un million d’euros suscite déjà des critiques quant à son efficacité réelle.

Quant à la taxe sur les holdings patrimoniales, initialement prévue à 2% sur les actifs non affectés à une activité opérationnelle, elle a été recentrée par un amendement pour ne cibler que les biens purement somptuaires à un taux de 20%. Cette modification, bien que saluée par certains, soulève des inquiétudes quant à sa facilité de contournement, notamment via la création de sociétés étrangères.

Le Pacte Dutreil n’est pas épargné. Ce dispositif, censé faciliter la transmission d’entreprises familiales avec une exonération partielle de 75%, est sous le feu des critiques pour son coût exorbitant et son utilisation détournée. Des amendements visent à durcir le régime, notamment en allongeant la durée d’engagement de conservation des titres et en limitant l’exonération aux biens affectés à une activité opérationnelle réelle. Ces changements pourraient bien déstabiliser un pan entier de l’économie familiale.

Ces décisions fiscales, loin de faire l’unanimité, risquent de provoquer un exode fiscal sans précédent, avec des conséquences désastreuses pour les finances publiques et l’attractivité économique de la France. Les entreprises, déjà sous pression, pourraient voir leurs projets d’investissement compromis, tandis que les grandes fortunes chercheront inévitablement refuge sous des cieux plus cléments.