French-Parliament-Protest
La réforme des retraites continue de ravager la vie politique, semant discorde et désarroi chez les macronistes. Une volte-face inattendue d'Élisabeth Borne sur sa suspension a ravivé les tensions.

La réforme des retraites, adoptée dans la douleur en 2023, continue de ravager le paysage politique et de tourmenter le camp macroniste. Ce texte, loin d’être un atout, s’est transformé en un véritable poison, semant la discorde et le désarroi au sein même de la majorité.

Alors que des «ultimes négociations» étaient en cours, la démissionnaire Élisabeth Borne a créé la surprise en évoquant une «suspension» de cette réforme tant décriée. Une volte-face solitaire et non concertée, selon l’Élysée, mais suffisante pour rallumer le psychodrame. Cette annonce, perçue comme un sacrifice sur l’autel des compromis, a provoqué une onde de choc chez les macronistes les plus fidèles, dénonçant un «déni comptable économique et démocratique» et craignant la dilapidation de leur propre héritage.

La grogne s’étend, de la boucle Telegram des députés aux anciens parlementaires. Des voix s’élèvent pour dénoncer le manque de concertation et l’impression d’être constamment pris de court par des annonces inattendues. Olivier Dussopt, artisan de ce texte, a mis en garde contre un effondrement du système si des compromis étaient faits sur des bases irréalistes, soulignant les «stigmates» du marathon des retraites.

Cette réforme maudite, repoussant l’âge de départ à 64 ans, n’a jamais cessé d’empoisonner la vie politique. Dès son élaboration, elle avait mis à rude épreuve les troupes présidentielles, privées de majorité absolue. Le recours au 49.3, aveu d’échec, avait accru le malaise et la colère, laissant un goût amer et une fragilité persistante au sein de la majorité.

Le dossier explosif revient désormais comme un boomerang, monnaie d’échange et point de friction incessant. Les tentatives d’apaisement, comme le «conclave» sur les retraites de François Bayrou, se sont soldées par un échec, les discussions ayant «tourné court». Le président Macron, qui avait fait de ce chantier un marqueur de son second mandat, voit son ambition initiale de réforme structurelle par points s’écrouler, contraint de se contenter d’un simple ajustement paramétrique.

Même Édouard Philippe, pourtant soutien de la réforme de 2023, admet en privé un «niveau d’ambition dégradé» par rapport au projet initial. La réforme des retraites, loin d’apporter stabilité et confiance, reste un symbole persistant des difficultés et des compromis douloureux du quinquennat.