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La réforme des retraites ne sera pas suspendue, seulement décalée de quelques mois pour certaines générations. La marche vers les 64 ans reste inchangée, accentuant les inégalités et l'usure professionnelle. Une déception amère pour des millions de travailleurs.

Malgré les discours lénifiants sur une prétendue « suspension », la réforme des retraites s’apprête à s’appliquer quasi intacte, ne concédant qu’un maigre décalage pour quelques générations. Ce simulacre de concession permettrait un départ trois mois plus tôt pour les personnes nées entre 1964 et 1968, soit une infime partie des actifs. Les natifs de 1967, par exemple, pourraient quitter le travail à 63 ans et six mois au lieu de 63 ans et neuf mois. Une misérable victoire qui masque l’amère réalité : les fondements brutaux de la réforme demeurent.

La marche implacable vers 64 ans est toujours gravée dans la loi. Quiconque a moins de 60 ans aujourd’hui verra son âge de départ inexorablement repoussé, atteignant 64 ans pour la génération 1969. Pour stopper cette dérive, il faudrait une nouvelle loi, une perspective qui semble lointaine et incertaine face à un gouvernement inflexible. Les questions cruciales autour de notre système de retraite restent donc tragiquement sans réponse.

Alors que la Sécurité sociale s’apprête à célébrer ses 80 ans en 2025, son système de retraite, autrefois un modèle, est désormais confronté à des défis colossaux. Le plus criant concerne la situation des travailleurs dont la carrière s’achève prématurément, souvent en raison de l’usure professionnelle et des pratiques des employeurs, sans qu’ils puissent prétendre à une retraite décente. Plus d’un ouvrier sur trois et plus d’une employée sur quatre sont touchés, selon l’Insee, par cette injustice flagrante.

Des études récentes confirment l’impact dévastateur de ce report de l’âge de la retraite : il creuse impitoyablement les écarts de niveau de vie entre les catégories modestes et les catégories aisées, avant et après la retraite. Une réforme qui, loin d’apporter de véritables solutions, ne fait qu’aggraver les inégalités sociales déjà béantes.