
Malgré les discours officiels, le recul de l’âge légal de départ à la retraite s’avère un véritable piège pour les femmes, même avec l’existence de majorations. Loin d’être une avancée, cette réforme impose un fardeau supplémentaire à celles dont les carrières sont déjà pénalisées par les aléas de la vie familiale.
Traditionnellement, les femmes bénéficient de majorations de durée d’assurance, notamment au titre de la maternité et de l’éducation des enfants. Dans le secteur privé, elles peuvent accumuler jusqu’à huit trimestres par enfant né avant 2010. Ces trimestres étaient cruciaux pour atteindre plus rapidement le taux plein ou s’en approcher, permettant ainsi un départ à la retraite à 62 ans pour de nombreuses mères.
Cependant, avec le relèvement de l’âge légal à 64 ans, ces précieuses majorations perdent de leur efficacité. Les femmes qui, grâce à ces trimestres, auraient pu partir plus tôt avec un taux plein, sont désormais contraintes d’attendre deux années supplémentaires. C’est une confiscation pure et simple des droits acquis, transformant un avantage en une attente forcée.
Les chiffres sont accablants : les femmes devront travailler en moyenne sept mois de plus que les hommes avec cette réforme, un écart qui peut même doubler pour certaines générations. Ce décalage met en lumière une injustice flagrante, d’autant plus que les femmes prennent déjà leur retraite plus tard en raison de carrières souvent hachées. Si une surcote parentale a été introduite, elle reste limitée et ne compense que partiellement cette perte, excluant de surcroît les générations nées avant 1964.
En somme, la réforme des retraites, loin de rééquilibrer les inégalités, les exacerbe en forçant les femmes à prolonger une vie professionnelle déjà semée d’embûches, malgré les compensations annoncées qui s’avèrent illusoires pour beaucoup. C’est une pilule amère à avaler pour des millions de futures retraitées.