
La rentrée scolaire en Île-de-France vire au cauchemar pour des dizaines de milliers de lycéens. La région a pris la décision désastreuse de bannir les manuels scolaires, qu’ils soient papier ou numériques, au profit d’une plateforme dont les contenus sont une mosaïque de fragments éclatés. Fini le fil conducteur, la vision d’ensemble, les repères : place à une école sans boussole, réduite à un simple défilement d’informations, transformant l’apprentissage en un puzzle chaotique où chaque élève est abandonné à lui-même.
Cette mutation radicale, lourde de conséquences, s’est imposée en catimini. Aucun débat public n’a eu lieu, les enseignants n’ont pas été consultés, les parents ignorés et l’avis des élèves, bien sûr, totalement méprisé. Pourtant, il ne s’agit pas d’un simple ajustement technique, mais d’un véritable choix de société qui menace la transmission des savoirs, le lien essentiel entre l’école et les familles, et même la liberté pédagogique des enseignants.
Ce n’est ni de la nostalgie ni de la technophobie, mais une réalité alarmante : éradiquer le manuel scolaire, un repère partagé et structurant, est une faute pédagogique, sociale et démocratique impardonnable. L’illusion que des empilements de ressources numériques pourraient remplacer un ouvrage conçu par des professionnels est une erreur fondamentale. Le manuel est la colonne vertébrale de l’école, permettant la construction progressive et cohérente des savoirs, essentielle à tout parcours d’apprentissage.
Croire que tous les élèves possèdent les ressources matérielles et le soutien familial pour naviguer seuls dans cet univers déstructuré est une autre erreur abyssale. Le manuel est souvent le premier, voire le seul, livre à entrer dans certains foyers. Il est le lien crucial entre l’élève, l’enseignant et les parents, offrant une visibilité sur l’année et une égalité d’accès aux connaissances. L’école, fondement de notre société, ne peut se permettre de reposer sur des « miettes de savoir », minant ainsi l’avenir de toute une génération.