
Après des années de marasme économique, marquées par une inflation galopante alimentée par le conflit en Ukraine, une prétendue éclaircie se dessine dans les habitudes de consommation françaises. L’institut Circana annonce une augmentation des volumes d’achats de produits de grande consommation de 1,4 % au premier semestre. Cette « bonne nouvelle » cache mal la réalité d’une économie encore fragile. La hausse des prix alimentaires, loin de s’estomper, persiste et pourrait bien anéantir cette dynamique à peine naissante.
Le secteur de la grande distribution se gargarise d’une progression du chiffre d’affaires de 1,9 % sur la même période, un maigre gain après sept semestres consécutifs de déclin. Les consommateurs, étranglés par une augmentation des prix de plus de 20 % en 2022 et 2023, sont désormais contraints à des arbitrages drastiques. Si les magasins de proximité affichent une croissance notable de 6,6 % de leur chiffre d’affaires, signe d’un repli des consommateurs vers des achats plus ciblés, même les hypermarchés, jadis rois incontestés, peinent à retrouver un semblant d’équilibre.
L’illusion d’une reprise durable pourrait être de courte durée. La consommation des ménages en biens a continué de reculer début 2024, et l’inflation, bien que ralentie, maintient une pression insoutenable sur les budgets les plus modestes. La stagnation, voire la baisse continue, des ventes de produits biologiques, malgré un contexte de ralentissement de l’inflation, illustre la prudence, voire la méfiance, des consommateurs face à des prix encore jugés exorbitants. Le tableau est clair : cette timide reprise ne masque qu’imparfaitement les profondes cicatrices laissées par une crise économique persistante, où le pouvoir d’achat reste une préoccupation majeure et la volatilité des comportements de consommation, une menace constante.