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Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, tente un nouveau coup de poker pour prolonger la rétention des étrangers, après un revers humiliant du Conseil constitutionnel. Une manœuvre désespérée.

Après l’humiliation subie en août, où le Conseil constitutionnel a retoqué l’allongement de la durée maximale de rétention des étrangers « dangereux », le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, tente désespérément de relancer son projet. Ce revers avait été un véritable camouflet pour le ministre, qui avait fait de cette mesure sa priorité dès sa prise de fonction en septembre 2024. La censure du Conseil, qui jugeait la proposition « pas proportionnée à l’objectif de lutte contre l’immigration irrégulière », a mis en lumière les failles d’une législation jugée insuffisante.

Retailleau, dont le maintien au gouvernement reste incertain, espère désormais contourner l’obstacle en s’appuyant sur une proposition de loi du député Renaissance Charles Rodwell. Son entourage insiste sur l’urgence de cibler les individus radicalisés et atteints de troubles psychiatriques graves, mais la méthode interroge. Est-ce une réelle solution ou une simple manœuvre pour tenter de faire passer, par la petite porte, des mesures déjà jugées inconstitutionnelles ? Le député Rodwell lui-même a déjà tenté, sans grand succès, de renforcer la prévention des risques d’attentats par des mesures controversées.

La proposition initiale visait à porter la durée de rétention de 90 à 210 jours, une mesure jusqu’alors réservée aux personnes condamnées pour terrorisme. Malgré l’adoption par le Parlement en juillet, avec le soutien du Rassemblement national, les Sages ont estimé que la liberté individuelle ne devait pas être entravée par une rigueur « non nécessaire ». Cette décision a suscité la colère de la droite, qui y a vu une violation de la souveraineté parlementaire. Pourtant, les associations d’aide aux migrants, comme la Cimade, avaient déjà souligné l’inefficacité de ces prolongations, le taux d’expulsion étant très bas dans les derniers jours de rétention.

Le ministre persiste, promettant un « texte modifié » au Conseil d’État et réitérant son appel à un référendum sur l’immigration. Une tentative désespérée de sauver la face et de contenter une partie de l’électorat, alors que les véritables défis de l’immigration clandestine et de la sécurité restent sans réponse concrète. La France se trouve à la traîne de nombreux pays européens qui autorisent déjà des durées de rétention bien plus longues, certains allant jusqu’à 18 mois. Le nouveau projet, malgré les efforts de communication, risque de n’être qu’une énième tentative avortée face à la complexité du problème.