
Le rêve idyllique d’une retraite sous les tropiques se transforme trop souvent en un cauchemar financier et administratif pour de nombreux Français. L’expatriation, loin d’être une simple formalité, est un parcours semé d’embûches où les illusions se brisent sur la dure réalité des lois étrangères et des contraintes budgétaires.
Si la perception de votre pension française à l’étranger est techniquement possible, la complexité des démarches et la nécessité de « montrer patte blanche », souvent synonyme d’un portefeuille bien garni, sont des obstacles majeurs. Les fameux « Golden Visas » exigées par certains pays pour obtenir la résidence permanente ne sont accessibles qu’à ceux qui peuvent se permettre des investissements massifs, parfois des centaines de milliers, voire des millions, d’euros. À Dubaï, par exemple, un dépôt bancaire d’un million d’AED (environ 270 000 USD) bloqué pendant trois ans ou un investissement immobilier d’une valeur similaire est requis pour les retraités de plus de 55 ans.
Les désillusions ne s’arrêtent pas là. La fiscalité, la couverture santé, les lois immobilières et successorales diffèrent drastiquement d’un pays à l’autre. Une absence de préparation adéquate peut entraîner des pertes financières colossales et des situations juridiques inextricables. Les retraités français doivent déclarer leurs revenus mondiaux dans leur nouveau pays de résidence fiscale, ce qui peut inclure leurs pensions et revenus d’investissement, avec des taux pouvant atteindre 45 % en France et des charges sociales additionnelles.
Quant à la santé, malgré la qualité des systèmes dans certains pays comme la France pour les résidents, une période d’attente de trois mois est souvent imposée avant d’accéder au régime public, rendant une assurance privée indispensable au début. Enfin, l’héritage peut virer au cauchemar, avec des lois successorales étrangères potentiellement très différentes du droit français, et des impôts exorbitants pour les non-parents, atteignant parfois 60 % après un abattement dérisoire.
En somme, le rêve d’une retraite dorée à l’étranger est loin d’être garanti. Sans une préparation méticuleuse et une conscience aiguë des pièges, cette aventure peut rapidement se transformer en un désastre financier et personnel.