
Décembre 1812. La retraite de Russie s’achève dans une horreur absolue pour la Grande Armée de Napoléon. Ce qui fut une force colossale est désormais une « procession d’ombres », comme l’a si bien décrit Victor Hugo. En seulement six mois, une expédition militaire grandiose s’est transformée en une tragédie humaine sans précédent, marquant l’un des plus sombres chapitres de l’histoire militaire française.
Initialement, près de 600 000 soldats, une mosaïque de nationalités – Français, Allemands, Polonais, Italiens, Autrichiens – furent enrôlés pour cette campagne désastreuse. Une majorité de ces jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, âgés de 20 à 25 ans, furent contraints à servir par un système de conscription impitoyable. Ils représentaient une écrasante majorité de leur classe d’âge, sacrifiés sur l’autel des ambitions impériales. Dès juin 1812, 450 000 d’entre eux franchissaient le Niémen, inconscients du sort effroyable qui les attendait.
Le retour fut un cauchemar glaçant. En décembre de la même année, seuls 30 000 hommes, tout au plus, parvinrent à regagner Vilnius, marqués à jamais par la faim, le froid et la déchéance. Les pertes humaines furent catastrophiques, estimées entre 200 000 et 250 000 morts au sein de l’armée napoléonienne. Fait encore plus révélateur de l’ampleur du désastre : à peine 10% de ces décès furent imputables aux combats, le reste étant le funeste bilan des maladies, du froid et de l’épuisement. La campagne de Russie reste un témoignage brutal de la vanité des conquêtes et du coût exorbitant de la mégalomanie militaire.






