
Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a encore une fois brandi la question des retraites des femmes comme une urgence nationale lors de son discours de politique générale. Une déclaration qui sonne creux, tant cette « préoccupation » n’a accouché que de mesures dérisoires depuis des années, à commencer par la réforme Touraine de 2014. Pendant ce temps, la situation des femmes retraitées ne cesse de se dégrader, avec une pension moyenne qui représente à peine 62 % de celle des hommes. Un abysse qui se creuse, et que les annonces actuelles ne feront que marginalement combler, si tant est qu’elles ne l’aggravent pas.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 propose un changement de calcul pour les mères : la prise en compte des vingt-quatre meilleures années de salaire pour un enfant, et vingt-trois pour deux enfants et plus. Une mesure qui, loin de corriger les inégalités, risque de les ancrer davantage. En distinguant le traitement des mères et des pères, le gouvernement entérine les rôles genrés dans la prise en charge des enfants, défiant ainsi les aspirations à une égalité réelle. Pire encore, cette disposition pourrait bien se heurter aux directives européennes sur l’égalité de traitement.
Quant aux bénéfices de cette réforme, ils s’annoncent minimes. Certes, 50 % des femmes pourraient en profiter dès 2026, mais le gain financier sera vraisemblablement dérisoire. Cette mesure ne s’attaque absolument pas à la pénalisation des carrières courtes et incomplètes, qui est pourtant le nœud du problème. La double peine – pension au prorata et décote – qui accable les femmes est ignorée, malgré le rapport Delevoye de 2019 qui l’avait clairement identifiée. La suppression pure et simple de la décote, voilà la véritable avancée qui aurait été nécessaire, mais le gouvernement préfère les effets d’annonce aux réformes courageuses.







