L’étude 2024 d’Eurofound révèle un constat alarmant : l’incertitude des revenus, qu’elle concerne les salariés ou les indépendants, provoque des dégâts considérables sur la santé physique et mentale. Des millions de travailleurs en Europe sont pris au piège d’une anxiété financière qui mène à la dépression, au stress et aux conflits familiaux liés au travail. Ce n’est pas une simple gêne, mais un véritable fléau qui mine le bien-être individuel et collectif.
Cette précarité perçue a des répercussions désastreuses sur le monde du travail. L’étude souligne un lien direct entre l’insécurité des revenus et une augmentation de l’absentéisme, ainsi qu’une inhibition de l’innovation et de l’initiative. Nicolas Bourgeois, expert RH chez PwC, démolit le mythe de l’insécurité comme moteur : « Elle détruit l’engagement, car le mécanisme contribution-rétribution est mis à mal. » En clair, quand le salaire n’est pas garanti, l’envie de s’investir disparaît.
Bien que la majorité des actifs de l’UE (85%) prétendent connaître leurs revenus futurs, 15% vivent dans le flou total, une proportion non négligeable. Les jeunes hommes de moins de 24 ans sont particulièrement touchés, exposant une vulnérabilité inquiétante au sein de cette démographie. Des disparités choquantes subsistent également entre les pays : tandis que l’Autriche et l’Allemagne affichent une relative stabilité, la France se situe dans une position intermédiaire peu enviable, avec 14,2% de ses actifs sans visibilité sur leurs gains. Le fossé se creuse davantage avec des pays comme la Roumanie et la Grèce, où plus de 25% des travailleurs sont laissés à l’abandon face à l’inconnu financier, révélant une Europe à deux vitesses où la précarité règne en maître dans certaines régions.
L’étude d’Eurofound pointe du doigt le statut d’indépendant comme facteur aggravant. Artisans, commerçants, professions libérales et micro-entrepreneurs sont les plus exposés à cette instabilité financière. En France, ils représentent 13% de la population active, mais dans des pays comme l’Italie ou la Grèce, ce chiffre atteint 20% à 25%, exacerbant la crise de l’incertitude des revenus. Il est grand temps d’affronter cette réalité et de prendre des mesures concrètes pour protéger ces travailleurs vulnérables.
