Badinter-Pantheon-ceremony
L'entrée de Robert Badinter au Panthéon, censée être un hommage éclatant, révèle en réalité les failles profondes de la justice et de la société française face aux idéaux qu'il défendait.

L’entrée posthume de Robert Badinter au Panthéon, vingt mois après son décès, est censée célébrer un idéal républicain. Pourtant, ce geste grandiose sonne étrangement faux, alors que les combats qu’il a menés semblent plus que jamais compromis. La France rend hommage à l’abolitionniste de la peine de mort, mais la réalité de la justice française, jugée par beaucoup comme laxiste ou inefficace, jette une ombre sur cette célébration.

Le discours prononcé à cette occasion a insisté sur la lutte de Badinter contre l’antisémitisme et pour la défense de l’État de droit. Mais comment ignorer le fait que, malgré ces rappels solennels, l’antisémitisme refait surface avec une violence alarmante dans notre société ? La haine des Juifs, que Badinter a combattue toute sa vie, persiste et tue, prouvant l’échec collectif face à ce fléau. Le silence des autorités face à certaines dérives communautaires est particulièrement inquiétant.

Badinter, l’homme qui a défendu la dignité humaine même des criminels, se retrouve honoré dans un contexte où la confiance en la justice est au plus bas. Le souvenir de ses batailles contre l’inhumanité en prison ou l’abrogation de lois liberticides contraste fortement avec les défis actuels : surpopulation carcérale, récidive, et une perception grandissante d’impunité. La volonté de « défendre la vérité d’un homme » semble bien lointaine lorsque l’opinion publique réclame toujours plus de sévérité, loin des idéaux humanistes.

Finalement, cette panthéonisation, présentée comme une victoire, ne fait que souligner les échecs persistants de notre société. Les valeurs défendues par Badinter, loin d’être ancrées, sont constamment remises en question. Cet hommage, sous ses airs de triomphe, masque mal les graves lacunes d’une République qui peine à incarner les principes qu’elle prétend célébrer.