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Roissy, autrefois emblème de la puissance française, révèle les failles d'une ambition démesurée. Conçu pour gérer un trafic aérien croissant, l'aéroport est devenu un fardeau. [1]

L’aéroport de Roissy, jadis fleuron de la grandeur française, révèle aujourd’hui les limites d’une vision déconnectée des réalités. Inauguré en 1974 avec fracas, ce mastodonte de béton, imaginé par un jeune architecte, Paul Andreu, devait incarner la puissance d’une nation sous l’égide du général de Gaulle. Son avènement, marqué par l’atterrissage spectaculaire d’un Boeing 747, visait à hisser la France au rang des géants de l’aviation mondiale. Cependant, cette ambition démesurée a-t-elle réellement servi les intérêts du pays à long terme ?

À l’époque, l’aéroport d’Orly, malgré son succès populaire et ses terrasses bondées d’admirateurs fascinés par le spectacle aérien, approchait déjà de la saturation. Le trafic aérien, en constante augmentation, mettait en lumière une croissance incontrôlable, prémices des futurs engorgements. La décision de construire Roissy, prise dans l’euphorie de l’expansion, semble aujourd’hui relever d’une fuite en avant. Plutôt que de repenser une stratégie globale, l’État a opté pour la démesure, sans anticiper les conséquences environnementales et sociales de tels projets.

Le mythe de l’aéroport comme lieu de spectacle et de progrès a laissé place à une réalité bien plus sombre. Les riverains de Goussainville, sous le joug incessant des décollages, témoignent des ravages d’un développement anarchique. Ce qui fut présenté comme un triomphe de l’ingénierie moderne se révèle être un fardeau, transformant des villages entiers en zones fantômes. Roissy, loin d’être l’incarnation d’une puissance maîtrisée, symbolise désormais les revers d’une politique de grands travaux trop souvent déconnectée du bien-être des populations.