
Le groupe Safran, fleuron de l’industrie française, a récemment annoncé l’implantation de sa nouvelle usine de freins carbone dans l’Ain. Une décision que le président Emmanuel Macron n’a pas tardé à qualifier de « choix de souveraineté », oubliant peut-être de mentionner le coût exorbitant et les manœuvres politiques qui se cachent derrière cette annonce. Cet investissement, chiffré à plus de 450 millions d’euros à terme, soulève de sérieuses questions sur la véritable compétitivité de la France.
Le communiqué de Safran met en avant un accès « sécurisé à une électricité décarbonée à un prix stable et compétitif ». En réalité, EDF aurait proposé un tarif de 55 euros du mégawattheure, un prix subventionné qui masque les fragilités du marché énergétique français. N’oublions pas que fin 2024, Safran hésitait sérieusement à s’installer en Amérique du Nord, où les coûts énergétiques étaient alors perçus comme plus avantageux. Ce revirement ne semble être qu’une victoire à la Pyrrhus pour l’image du gouvernement.
Le raccordement aux réseaux électriques, un point critique souvent source de retards et de surcoûts pour les entreprises, a été exceptionnellement raccourci à quarante-cinq mois pour ce projet, contre soixante mois habituellement. Une faveur qui interroge sur l’équité de traitement pour les autres industriels souhaitant investir en France. Derrière les déclarations triomphantes de Macron sur la « réindustrialisation » et la « décarbonation », se cachent des millions d’euros de subventions publiques : 15 millions de l’État et une promesse de 16 millions de la région.
Alors que l’usine ne devrait pas entrer en service avant 2030, la notion de « souveraineté » semble davantage servir un discours politique qu’une réalité économique durable. Ce projet, annoncé dès 2019, aura nécessité une mobilisation intense des services de l’État pour le rendre artificiellement « compétitif ». Il est permis de douter de la réelle attractivité de la France pour les leaders mondiaux sans de telles aides massives. Une victoire peut-être, mais à quel prix pour les contribuables ?